La crise du COVID nous aiderait-elle à mieux comprendre la crise de sens et l’importance d’une bonne raison d’être ?

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Avec la crise du COVID-19, il semble qu’une sorte d’inflation se produise. De plus en plus d’entreprises paraissent avoir à coeur de témoigner de leur engagement en faveur du bien commun. Ce qui est une très bonne chose. Elles mettent en avant une raison d’être qui exprime la contribution qu’elle veulent apporter à la société dans laquelle elles vivent. Elle prennent des engagements en faveur de l’environnement, etc.. Toutefois, la crise de sens qui est à l’origine de toute cette bonne volonté est-elle bien comprise ?

Ce n’est pas certain. Les discours des uns et des autres destinés à justifier ce tournant vers le Bien Commun, ou ce retour du Bien Commun, après quatre décennies environ d’éclipse totale ou presque, évoquent le plus souvent l’importance de pouvoir tirer son épingle du jeu dans la guerre des Talents, ou de soigner son image vis-à-vis des parties prenantes externes, en particulier des clients dont les attentes en terme de responsabilité sociale sont de plus en plus fortes. Il nous semble que l’invocation de ces raisons montre que la réflexion sur la crise de sens que nous traversons est trop superficielle. L’invocation de ces raisons est légitime. Il faut bien que les entreprises protègent leurs intérêts. Mais elles sont insuffisantes.

C’est pourquoi, les réponses proposées risquent peut-être de pas apporter de réponse mais d’aggraver le problème. Si la réponse à la crise de sens vise uniquement à s’en sortir dans la guerre des talents, ne risque-t-elle pas d’accentuer l’oubli de ceux qui sont implicitement considérés comme des « sans-talents » ?

La meilleure façon de comprendre à quelle point l’analyse de la crise de sens est superficielle est de creuser les choses, de se donner le temps de l’étude, de la réflexion, du recul, avant de songer comme par instinct immédiatement à trouver des outils… À quoi bon chercher des outils lorsque l’on ne comprend pas quel problème on doit résoudre ?

Afin de comprendre quels sont les ingrédients de cette crise de sens devant laquelle la grande majorité des managers, lorsqu’on les écoute, avouent être démunis. La vidéo de Michael Sandel, présentant son dernier livre The Tyranny of Merit, paru à la rentée 2020, présente un regard sur la société américaine qui a de quoi éclairer la situation de la société française, car les tendances qu’ils évoquent sont toutes à l’oeuvre chez nous.

La crise de la méritocratie présentée ici existe dans la société française comme de nombreuses études l’attestent (nous en parlerons dans ce blog). Et ce n’est pas une mince affaire, car le principe méritocratique a constitué un principe de sens qui a façonné notre contrat social depuis des décennies. Son ébranlement est sans doute étroitement lié à la montée du populisme comme nous aurons l’occasion d’y revenir. Aussi, chacun comprendra qu’il n’est guerre possible pour les entreprises, désireuses ou non de participer au Bien Commun, d’ignorer la situation.

Eric Lemaire

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