Lorsque l’on demande aux gens de se prononcer sur la marche du monde, que répondent-ils ? Sont-ils plutôt optimistes ou pessimistes ? Et remarque-t-on des différences entre pays du monde ? Les habitants des pays riches, qui ont bénéficié de progrès considérables au cours des dernières décennies, sont-ils plus optimistes concernant la marche du monde que ceux des pays pauvres, émergents, etc. ?
Le graphique ci-dessous produit par Max Roser sur le site Our world in data nous en donne une représentation, assez saisissante. Les habitants des pays riches interrogés dans l’étude sont très peu nombreux à penser que le monde va de mieux en mieux !

Comment expliquer ce qui s’apparente à un paradoxe ? En effet, il n’y aucun doute sur le fait qu’objectivement, sur presque tous les plans (niveau de vie, espérance de vie, liberté individuelle, mortalité infantile, scolarisation, égalité hommes/femmes, etc.) (sauf la question écologique, sous certains aspects au moins), la situation s’est améliorée au niveau mondiale. Alors, comment expliquer le pessimisme des personnes qui bénéfices de ces progrès inouïs ?
Steven Pinker écrit dans le Triomphe des Lumières :
« Voici un scoop ébouriffant : le monde a fait des progrès spectaculaires dans chaque domaine mesurable du bien être humain, sans exception. Deuxième scoop ébouriffant : presque personne n’est au courant. » (p.69) »
L’ignorance des grandes évolutions serait-elles donc à l’origine de tels jugements sur le monde qui va ? On peut le supposer. Si l’hypothèse est valable, une meilleure connaissance de ces tendances pourrait améliorer le niveau d’optimisme des personnes ?
Chacun peut en faire l’expérience à son échelle (et partager l’expérience en commentaire). L’expérience consisterait en ceci : passer une petite heure sur le site Our world in data qui regroupe une foule de données sur l’évolution du monde ; ou sur Gapminder qui vous propose des quizz sur les tendances évoquées et vous donne les taux de réponses erronées avec des explications (C’est assez bluffant !). Chacun pourrait noter son niveau de d’optimisme au début, sur une échelle de 0 à 10 par exemple, et le noter à l’issue de la période de navigation 🙂 Il serait possible aussi de multiplier ce genre de séances, de voir les effets à moyen terme. Est-ce qu’en s’exposant régulièrement à de bonnes nouvelles (plutôt qu’exclusivement aux mauvaises nouvelles des médias), nous sommes capables de faire évoluer nos biais pessimistes ? Un peu comme quelques minutes de méditation quotidiennes sont capables de modifier notre capacité de concentration … !
Eric Lemaire
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