« Optimistes et pessimistes : je les étudie depuis vingt-cinq ans. Le trait qui définit le pessimisme est sa tendance à croire que les malheurs durent longtemps, qu’ils saperont tout ce qu’il entreprendra et qu’il en porte l’entière responsabilité. L’optimiste en revanche, qui doit faire face aux mêmes coups durs que réserve la vie, y réagit de manière parfaitement contraire. Il prend une défaite pour un revers provisoire dont les causes ne dépassent pas la situation précise. Il ne se la reproche point : ce sont les circonstances, la malchance ou les autres qui en sont responsables. Il ne se laisse pas démonter par l’échec. Il considère toute situation difficile comme un défi à relever, une incitation à se surpasser.
Ces deux modes de pensée ne sont pas sans conséquences. On peut affirmer sans exagération que des centaines d’études montrent la prédisposition du pessimiste à renoncer facilement et à se désespérer. Elles révèlent par ailleurs que l’optimiste réussit mieux à l’école, dans la vie professionnelle et dans les activités sportives. Il dépasse souvent les prévisions des tests d’aptitudes. Candidat à des élections, il a plus de chances de se faire élire que le pessimiste. Il bénéficie d’une santé enviable, et vieillit bien, les maladies qui viennent normalement avec l’âge l’épargnant dans une large mesure. Il y a même lieu de croire dans ce cas à une longévité accrue.
(…) Une attitude pessimiste parait quelquefois tellement ancrée qu’on juge impossible de l’infléchir. Or j’ai établi que l’on peut s’en débarrasser. L’optimisme s’apprend (…) grâce à l’acquisition de nouvelles compétences cognitives.
(…) À l’instar de la vision traditionnelle de la dépression, le concept habituel de réussite mérite d’être remis en cause. Le monde du travail et le système éducatif reposent en pratique sur l’hypothèse selon laquelle le succès découle de la conjonction du talent et du désir, l’échec étant dû à l’absence de l’un ou de l’autre. Or celui qui manque d’optimisme peut échouer en dépit de capacités et d’une motivation exceptionnelles. »
Martin Séligman, La force de l’optimisme, Préface.
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